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                                                                                                                                REVUE DES LIVRES

 

Ameur ZEMMALI, Combattants et prisonniers de guerre en droit islamique et en droit international humanitaire. Préface Luigi CONDORELLI, éditions A. PEDONE, Paris, 1997, 519 p., ISBN : 2-233-00317-9.

L’intérêt de cet ouvrage réside dans sa lecture moderne et son analyse comparative des règles du statut de combattants et prisonniers de guerre dans la Charia et en droit international humanitaire.

L’ouvrage est divisé en deux parties : la première traite de la notion de combattant, et la deuxième est consacrée aux prisonniers de guerre.

Un chapitre introductif est consacré au droit islamique et droit international islamique. Le paragraphe sur le " jihad ", dans ce chapitre, est très important, parce que l’auteur met en lumière la signification de cette notion. Ainsi, celle-ci est un nom verbal de jâhada, dérivée de la racine jhd qui " indique l’association, la participation et l’épuisement des moyens disponibles dans l’accomplissement d’une action " (p. 44). Et, après avoir cité le Coran et le hadith, ainsi que la position des fuqaha, l’auteur explique que : " En tout état de cause, la lutte contre soi-même vient avant la lutte contre l’ennemi extérieur " (p. 45), et il conclut " Dire que le jihad doit être mené contre les infidèles en tout temps et tout lieu est erroné et ne correspond ni à la lettre du Coran et de la Sunna, ni à l’histoire de l’Islam " (p. 48).

Nous trouvons, dans la 1ère partie, le portrait du mudjâhid ou muqâtil qui doit suivre une certaine éthique et remplir certaines conditions qui sont :

- être musulman.

- être de sexe masculin.

- être majeur.

- être sain de corps et d’esprit.

- être libre.

- avoir l’autorisation des parents et créanciers (pp. 196-201).

 

L’auteur analyse, dans la 2ème patrie, le statut de prisonnier de guerre, et le statut de l’espion dans le fiqh et en droit international humanitaire , d’une part, et la position de l’Islam et du droit international vis-à-vis du mercenariat, d’autre part (Titre I). Il présente aussi les règles du fiqh et de droit international humanitaire concernant le respect du prisonnier de guerre (Titre II).

 

Il faut regretter que l’auteur n’ait adopté aucun système de translitération, et que les titres des ouvrages en langue arabe, dans la bibliographie générale, qui est, par ailleurs, très riche, ne soient pas traduits en français pour un public plus large.

 

M.-A. Al-Midani

 

" Femme et Islam ", (Approches), collection dirigée par Aïcha Belarabi. Editions Le Fennec, Casablanca, février 1998. ISBN 9881-838-63-2." Femme et Islam ", (Approches), collection dirigée par Aïcha Belarabi. Editions Le Fennec, Casablanca, février 1998. ISBN 9881-838-63-2.

Cette revue regroupe plisseurs études en arabe et en français sur un sujet toujours d’actualité " La femme ".

L’introduction à ces études est signée par Aïcha Belarabi. Elle insiste sur le fait que " l’Islam n’est pas un tabou ", et que les chercheurs et les personnes instruites ont le droit d’accès de par leur savoir, tout comme les théologiens, " d’étudier le " Texte Sacré ", d’interroger les diverses interprétations qui en sont faites, et d’analyser les pratiques sociales qu’ils engendrent ". Selon l’auteur, la première raison du retard dans la publication de ces études, est à chercher dans " La crainte d’exprimer par écrit son opinion sur la place que réserve l’Islam à la femme, sur les interprétations qui en sont véhiculées " (p. 5).

Les sujets traités dans les onze études publiées, et après " un bref état des lieux sur la vie des femmes au temps du Prophète et des premiers Califes " sont structurés autour de deux pivots :

1- Les différents discours religieux relatifs à la place de la femme marocaine dans la société du XV et XVII siècle, à l’éducation des filles , le statut de la femme selon la nouvelle révision du code de la famille et tout le discours et la polémique sur la femme entre la spécificité et l’universalité.

2- Les deux phénomènes sociaux, à savoir la mixité et le voile.

Les études en arabe traitent des sujets suivants :

- Femmes et changement après l’avènement de l’Islam, Fatima-Zohra Zryouil.

- Représentation de la femme dans le discours réformiste au Maroc, par Saïd Bensaid El Alaoui.

- Droits des femmes entre la spécificité et l’universalité dans le discours fondamentaliste contemporain, Khadija Amiti.

- Accès des femmes aux centres de décision selon le texte religieux, les interprétations des réformistes et des fondamentalistes, Aïcha Belarbi.

- Femmes voilée et non voilées, Fatima Ouled Hammou Yachou.

- Liberté et pouvoir : Femmes et problématique de la mixité en Islam., par Al Khammar El Alami.

- Le port du voile dans le milieu estudiantin, par Mohamed Khachani

 

Les études en français traitent des sujets suivants :

 

- Femmes et religion au Maroc entre Xve et le XVIIe siècles, par Mohamed Monkachi.

- Les nouvelles révisions du Code du statut personnel. La permanence de la tradition juridique islamique malikite, par Malika Beradi Khachani.

- Et si on ôtait le voile sans se dénuder, par Naïma Chikhaoui.

Femmes et islam, les enjeux, par Aïcha Sijlmassi.

 

M.-A. Al-Midani

 

Vient de ParaÎtre

* Mohammed Arkoun, Qâdâyâ fî naqd al-'aql ad-dînî, Dâr al-'Aliyya, 1998

Id., Al-fikr al-usûlî wa stihâlat at-ta'sîl, Dâr as-sâqî, 1999

 

* Jean-Georges Heintz & Lison Millot, Le livre prophétique d'Osée. - Texto-bibliographie du XXème sièclee. - Texto-bibliographie du XXème siècle, in coll. : "Travaux du Groupe de Recherches et d'Études Sémitiques Anciennes", Vol. 5, (Wiesbaden, Harrassowitz-Verlag, 1999), XIII + 213 pages.e. - Texto-bibliographie du XXème siècle, in coll. : "Travaux du Groupe de Recherches et d'Études Sémitiques Anciennes", Vol. 5, (Wiesbaden, Harrassowitz-Verlag, 1999), XIII + 213 pages.

L'objectif du présent ouvrage de référence est de fournir à l'exégète une information aussi précise et complète que possible quant aux études, articles et monographies parues, depuis 1900 et jusqu'à ce jour, au sujet d'un livre biblique - dans le cas présent, celui d'Osée. On notera que cette démarche de recherche documentaire n'inclut pas les commentaires qui sont habituellement utilisés, et donc d'un accès plus facile pour le chercheur; par contre, ont été inclus les chapitres et paragraphes de monographies portant sur d'autres sujets, plus généraux - d'ordre philologique, littéraire, historique ou religieux - et qui concernent, ainsi que les recensions qui s'y rapportent, en tout ou partie, le livre prophétique d' Osée.

Ce faisant, nous proposons de poser une nouvelle base - encore limitée et partielle, mais cohérente et réelle - pour un système de recherche documentaire relatif à l'étude de la Bible hébraïque.

Le choix du livre d'Osée a été dicté par deux raisons :

- quoique d'une ampleur limitée (14 chapitres), le livret prophétique d'Osée constitue un champ d'étude privilégié de l'histoire du prophétisme en Israël antique, puisqu'il se réfère à l'activité du plus ancien des "prophètes-écrivains", dès le milieu du VIIIème siècle avant J.-C.;

- parallèlement, ce livret est connu pour être l'un des plus difficiles à appréhender quant à son étude philologique, littéraire et historique, ce qui est confirmé par l'abondance des études dont il a été l'objet durant cette dernière décennie.

Le lien entre exégèse biblique et recherche documentaire - une discipline autonome, à laquelle l'outil informatique offre de nouvelles perspectives conceptuelles et opératoires, et dont les réalisations s'avèrent des plus fructueuses - ouvre en effet un nouveau champ d'investigation, plus large et plus précis à la fois, qui mériterait d'être mieux organisé et mieux exploité. C'est le but que nous nous sommes fixé ici, au service de l'étude de la Bible.

J.-G. Heintz

 

REVUE CRITIQUE

 

Mondher Sfar, Le Coran, la Bible et l’Orient ancien, 2ème édition, (Paris, © Sfar, 1998),

447 pp. – ISBN 2-951-1936-1-0 ; 129 FF.

 

Voici, publié à compte d’auteur, un livre ambitieux, inventif et courageux, une œuvre originale en somme : - par le sujet, qui allie par comparaison les trois vastes domaines du Proche-Orient antique, de la Bible et du Coran ; - par la méthodologie, qui considère de manière fort légitime les données orientales (textuelles et imagées) comme socle commun aux deux Livres sacrés ; - par l’analyse détaillée des textes et des traditions, enfin, qui corrobore l’étude philologique des textes par une attention permanente à leur parcours figuratif et thématique.

Une ouverture et une liberté d’esprit qui, en introduisant ce tertium comparationis originel, parvient à dépasser le faux dilemme : "Orient et Occident", tel qu’il avait été présenté par le retentissant ouvrage d’Edward SaÏd, Orientalism (1978); en relayant le discours essentiellement politique de cet auteur (qu'il ne cite d'ailleurs pas !), M. Sfar rééquilibre enfin le débat, par une approche culturelle et anthropologique de haute tenue. Du point de vue de la méthode, il est piquant de noter que c’est un professeur de littérature comparée (Edward SaÏd ) qui utilise un modèle d’approche politique du sujet, alors que le spécialistes des sciences politiques (Mondher Sfar) s’en réfère, lui, à un modèle essentiellement culturel et anthropologique !

Mettant en œuvre cette approche anthropologique, l’A. s’attache à l’étude des " institutions coraniques les plus significatives " (p. 17), à savoir : (i) l’institution royale et l’idéologie de la guerre (chaps. 1-2, pp. 21-53) ; (ii) l’apocalypse coranique, qui inclut le mythe de la création du monde et de sa finalité (chap. 3, pp. 55-97) ; (iii) le panthéon coranique et la question du " polythéisme " en Islam (chap. 4, pp. 99-156, et chap. 6, pp. 203-238), ainsi que " les figures nergaliennes (= infernales ) d’Allâh " (chap. 10, pp. 353-408) ; (iv) l’institution prophétique, son contenu historique, ses liens avec la société et la question de " l’éclipse de Dieu " (chap. 5, pp. 157-202, et chap. 9, pp. 319-351) ; (v) enfin, le traité de vassalité, le pacte, et ses diverses formes dans le Coran (chap. 8, pp. 261-317), qui pose la question fondamentale de " l’essence juridique du religieux ". Deux monographies viennent compléter utilement cette enquête de fond : - la première porte sur " l’ascension céleste " attribuée à Muihammad (chap. 7, pp. 239-260, … dont il n’y a guère de trace dans la " Table des matières " !), - et la seconde sur " Ahmad, prophète manichéen " et la question de son influence sur la religion coranique (chap. 11, pp. 409-425). – Enfin, une bibliographie brève, mais bien choisie (pp. 435-441), clôt ce volume.

A notre sens, les regroupements thématiques que nous venons d’effectuer renvoient , de par leur nécessité, à un réel défaut de construction de l’ouvrage, par ailleurs fort bien venu et agréablement rédigé. Par ailleurs, au chap. 1 (pp. 21-28), on attend en vain le troisième terme de " La théologie royale trinitaire " {"ternaire" conviendrait ici mieux ! } : après les fonctions de " Souverain " et de " Tentateur ", celle de " Juge " ne trouvera son commentaire … qu’au chap. 8 (pp. 261-317) !

Certes, de nombreuses critiques de détail, d’ordre philologique et historique, peuvent être relevées dans ce travail; ainsi, à titre d’exemples : - p. 87, le terme suméro-akkadien EDIN(u) – "plaine, steppe" est sans rapport étymologique avec la racine verbale hébraïque et arabe : dyn – "juger", … bien que la plaine puisse être le lieu symbolique du jugement (cf. Ezéchiel, 37/1-14 !); - p. 150s., il n’est pas possible de rapprocher le nom propre composite de la Bible Abram du premier élément, adjectival, du nom : Atram-hasis; le nom biblique Ab(i)-râm signifie : "(mon) pèredivin {est} élevé" et relève de l’antique croyance sémitique au " dieu personnel ". Si l’orientaliste pourra éprouver de l’agacement à la vue de quelques erreurs de transcription (par ex., p. 76s., lire : " Cône d’Entemena " - au lieu de : Enmetena!), l’archéologue regrettera que les "dossiers" iconographiques ne soient qu’effleurés (par ex., p. 86, le thème de "la conduite des captifs" : voir l’ivoire de Megiddo, 12ème siècle av. & cp. Amos 1/9b), ce qui en limite fortement la valeur heuristique.

Mais l’essentiel n’est pas là ; ce qui importe dans cet ouvrage, c’est la méthode d’approche globale et la finesse d’analyse, toutes deux présentes et bien équilibrées. Partant du constat que " c’est le matériel archéologique récemment {= depuis la seconde moitié du XIXème siècle !} exhumé qui contient la clé d’une grande partie des énigmes de la Bible " (p. 14), l’A. en infère, en termes de méthodologie, que l’étude du Coran doit également prendre en compte ce même " énorme matériel littéraire et cultuel " (p. 18). La démarche est donc bien plus novatrice qu’il n’y paraît à première vue : en effet, alors qu’il n’est nullement acquis que le Coran et les traditions musulmanes puissent être soumis à la même approche historico-critique que celle qui caractérise l’exégèse de la Bible (cp. les travaux de R. Stehly sur les hadîths), cet ouvrage opère une réelle percée, par son " approche anthropologique " qui consiste à " reconstituer les différentes institutions coraniques en faisant appel à leurs véritables prototypes que sont les institutions propres à la civilisation orientale ancienne " (p. 18). L’A. fera par ailleurs bénéficier le bibliste de sa grande connaissance du Coran qui lui permet, au fur et à mesure des thèmes abordés, d’en fournir les rapprochements pertinents.

Par cette vision historique ample des croyances religieuses des uns et des autres, par cette mise en évidence de l’aspect fondamental de la " continuité " (p. 17) et profondément

humain de la révélation divine, M. Sfar tente de " réconcilier l’Islam avec ses origines moyen-orientales et arabes anciennes " (= pré-islamiques) en même temps qu’avec le donné biblique. L’ouvrage s’inscrit ainsi magnifiquement – et avec une ampleur d’information qui force l’admiration – dans le projet de " rendre solidaires les cultures des deux rives {de la Méditerranée} ", selon les termes de Jacques Berque, et l’on ne peut que lui en savoir gré.

 

J.-G. Heintz

 

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